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Noël à part.

Sera !… Il lui faut des femmes belles tout de suite… Il ne se doute pas que notre petite Blanche l’aime.

Octave.

Elle a déjà beaucoup d’esprit.

Noël.

Et de l’instruction ! et si gaie, quand elle n’a pas de chagrin !… Ah ! celle-là, si quelqu’un voulait la consoler, elle ne lui dirait pas des sottises. (Octave garde le silence. — À part.) Il ne comprend pas… il ne voit rien… Ah ! on a bien raison de dire que l’amour est aveugle… il l’est pour toutes choses.

Octave se levant.

Noël, je serai à Paris demain.

Noël.

Demain ?

Octave.

Si mademoiselle de Pierreval était malade, si madame des Aubiers avait besoin de moi, écrivez-moi.

Noël.

Consoler, distraire trois femmes au désespoir, c’est une rude tâche, et maintenant que me voilà seul…

Octave.

Vous pouvez compter sur moi ; j’ai été élevé dans la maison avec votre cher Adrien, et quoique je ne sois pas de la famille…

Noël.

Oh ! il y a plusieurs manières d’être de la famille.

Octave.

J’en suis par le cœur, par le choix, par le souvenir.

Noël à part.

Qu’il est bête !

Octave.

Adrien me traitait en frère, je serai pour sa mère un fils.

Noël.

Mais c’est tout ce que je demande !

Octave.

Faites que je puisse partir ce soir.

(Il sort.)