Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Noël.

Puisqu’elle ne veut pas être consolée !

Octave.

Mais, Noël, vous ne voyez donc pas les ravages que le chagrin a déjà causés en elle ?… quel changement ! quelle pâleur !

Noël.

Qu’est-ce que cela vous fait ? Tenez, mon cher enfant, laissez-moi vous parler franchement. Ce n’est pas bien à vous d’aimer mademoiselle de Pierreval. C’était la future d’Adrien, vous devez la respecter !… Ensuite, c’est une femme qui ne vous convient pas, à vous. Fils unique de notre plus riche armateur, vous êtes fait pour vivre au Havre, tranquillement, commercialement heureux ; pour épouser une bonne petite femme sans génie, qui aura de l’esprit et pas de talents, qui ne fera pas votre portrait, mais qui ne fera pas non plus celui des autres, et qui n’aimera que vous. Je m’y connais, celle-là ne vous aimera jamais.

Octave allant s’asseoir à droite.

Vous dites vrai, Noël, il faut que je l’oublie.

Noël.

Il y en a tant d’autres ! Pourquoi vous obstiner à celle qui ne veut pas de vous ?

Octave.

Je repartirai ce soir.

Noël mécontent.

Déjà ! Pourquoi partir ?

Octave.

Ma vue lui fait mal.

Noël finement.

Votre vue ne fait pas mal à tout le monde.

Octave.

Que voulez-vous dire ?

Noël.

Je veux dire qu’il y a des personnes auxquelles votre vue est agréable… À moi, par exemple… à madame… à mademoiselle Blanche… C’est ça une aimable fille !… on ne la loue pas dans les journaux, dans la Vigie, mais…

Octave.

Oui, je crois qu’elle sera très-belle.