Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Baptiste.

Oui, mad… ame, à présent elles battent toujours.

Cornélie.

Mes socques, prenez-les… les monstres, qu’ils sont lourds !

(Baptiste emporte les socques.)

J’ai les pieds tout enflés… la maudite chaussure !
Pour de certains états il faut une voiture.
Je ne dis pas cela pour me faire valoir,
Mais trotter le matin quand on danse le soir,
C’est très-pénible…

(Elle s’assied sur le canapé. Baptiste sort.)
Martel à part.

C’est très-pénible…Oh ! oh ! le temps est à l’orage.
Ne nous démontons pas, et montrons du courage.

Cornélie tirant de sa poche un journal.

Me maltraiter ainsi, c’est une indignité !
Parler ainsi de moi dans votre Vérité !

(Elle lit.)

C’est affreux, voyez donc : « L’antique Cornélie
» A beau faire semblant d’avoir été jolie,
» Et raconter toujours ses succès d’autrefois,
» On ne l’applaudit point ; cette nymphe aux abois
» Dont l’âge prohibé joue au trente et quarante… »
Quel mauvais calembour !

(Elle jette par terre le journal.)
Martel écrivant toujours.

Quel mauvais calembour ! Vous paraissez souffrante.

Cornélie.

Oui, plaisantez, monsieur, prenez-le sur ce ton.
Vous n’avez donc pas lu ce mauvais feuilleton ?

Martel.

L’article de Griffaut ? si fait, ma bonne amie ;
Mais je l’ai lu très-tard, et ma vue endormie…

Cornélie.

Fort bien ; vos rédacteurs m’attaquent à loisir ;
C’est sans doute, monsieur, pour vous faire plaisir,
Que dans votre journal on m’insulte, on m’outrage ?

Martel lisant le journal qu’elle lui met sous les yeux.

Ah !… je n’avais pas lu cet insolent passage ;
C’est un tour de Pluchard ; mais il me le paîra !