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De travailler toujours, toujours pour ne rien faire ;
Griffonnage honteux qui nous gâte la main,
Œuvre sans avenir, succès sans lendemain !
Heureux si l’on nous jette un regret pour hommage,
Et si l’on nous admire en disant : Quel dommage !
Mais, il est tard ; voyons, pour ce soir j’ai promis
Un article saillant contre nos faux amis.
(Il s’assied devant son bureau.)
Nous n’avons point, dit-on, de couleur politique,
Nous parlons pour ou contre un langage mystique.
Eh bien, soit, pourquoi prendre un chemin détourné ?
Attaquons le pouvoir, et flattons l’abonné ;
Mettons-nous franchement contre le ministère,
Soyons durs, disons-lui qu’il est sans caractère,
Qu’il subit sans courage une invisible loi,
Qu’il se laisse mener bassement… par le roi ;
Oui, commençons ainsi : « L’homme d’État résiste
» Au monarque, et pour lui la fermeté… »

Cornélie dans la coulisse ; elle crie.

 » Au monarque, et pour lui la fermeté… » Baptiste !

Martel.

Ah ! mon Dieu, la voici… déjà… je suis perdu !


Scène II.

MARTEL, CORNÉLIE, BAPTISTE.
Cornélie.

Baptiste, entendez-vous ?

Baptiste.

Baptiste, entendez-vous ? Oui, j’ai bien entendu.
Je viens, mademoiselle.

Cornélie avec humeur.

Je viens, mademoiselle.On m’appelle madame.
(À Martel.)
Dites-lui donc, monsieur, que je suis votre femme.

Martel à son bureau.

Il ne le croirait pas, c’est un vieil entêté.

Cornélie à Baptiste.

Mon costume est-il prêt ? l’avez-vous rapporté ?
Sur la manche a-t-on mis des rosettes nouvelles ?
A-t-on raccommodé le ressort de mes ailes ?