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Des Tourbières.

Un album… l’album d’un aubergiste. C’est le livre des voyageurs de l’hôtel de France, à Blois.

La Comtesse.

Eh bien ?

Des Tourbières.

Ce livre nous apprend chez quelle personne, chez quelle voyageuse était Charles Valleray quand il a franchi le mur du jardin.

Le Maréchal.

Et cette personne, c’était ?…

Madame de Blossac.

C’était moi, monsieur le maréchal.

Le Maréchal.

Vous ! c’est impossible.

Madame de Blossac.

C’était moi, vous dis-je… il m’importe que vous le croyiez.

Des Tourbières à la comtesse.

Toujours la même !… Elle avoue pour avoir l’air de nier.

Le Maréchal.

Non ; vous vous accusez pour sauver une autre.

Madame de Blossac.

Je ne veux pas répondre ; les apparences sont contre moi. Je vous pardonne vos soupçons. Madame de Clairmont le sait, une femme peut être compromise, sans être coupable ; hier sa fille était accusée… aujourd’hui la voilà justifiée. Patience ! le moment viendra où je serai justifiée à mon tour. M. Charles Valleray annonce sa prochaine arrivée ; d’ici là j’accepte l’accusation qui purifie votre nièce, monsieur le maréchal. Dites à ceux qui ont entendu raconter cette triste aventure que tout s’est dévoilé, qu’on a découvert mes intrigues… dites enfin ce qu’il faudra pour justifier cette enfant. Hâtez-vous de me perdre, c’est votre intérêt, c’est peut-être le mien !… Toute grande injustice amène tôt ou tard quelque grande réparation, et cette réparation, qui sera éclatante, je l’attends avec calme, avec foi. Adieu, monsieur le maréchal. Je voulais vous donner ma vie, je vous donne mon honneur, c’est mieux !

La Comtesse ironiquement.

L’honneur de lady Tartuffe !