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Hector.

Eh ! madame, votre destinée et la mienne….

Madame de Blossac.

Je vous ai dit que je vous aimais, Hector, mais je ne vous ai pas dit pourquoi je vous aimais : c’est que vous êtes précisément le contraire des êtres qui m’entourent, de tous ces hommes égoïstes, menteurs et lâches.

Hector à part.

Voilà les flatteries… nous aurons les larmes bientôt.

Madame de Blossac.

Quelle joie ce fut pour moi que la découverte de ce caractère indépendant et brave ! Avec quel intérêt je vous suivais des yeux à travers la foule ! Chaque fois qu’on prononçait votre nom, j’écoutais émue, attendrie ; tout ce qu’on racontait de vous m’enivrait… Et quelle inquiétude lorsque j’appris votre duel à Chantilly ! Oui… pour tout le monde ce fut un mystère ; mais on ne pouvait pas me tromper, moi ! Et la cause de ce duel était si noble, si belle, que toute ma tendresse se changea en admiration.

Hector.

Mais comment avez-vous su cela ?

Madame de Blossac.

Quel secret peut échapper à la pensée constante d’un amour qui veille ? Oh ! pendant cette longue convalescence, à votre insu, j’étais près de vous… Je vous assistais dans vos heures d’ennui.

Hector.

Vous !

Madame de Blossac.

Un détail insignifiant, que vous vous rappellerez peut-être… ce livre qu’on annonçait avec tant de bruit… ce dernier volume de Lamartine…

Hector.

Où est l’éloge de mon père ?

Madame de Blossac.

Vous le désiriez… personne encore ne pouvait l’avoir… Le soir même vous l’avez reçu.

Hector.

C’était vous ?…