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Jeanne.

Ah ! il a dit cela.

La Comtesse.

On prétend même qu’il a raconté que pendant que j’étais malade, malade à la mort, ce qui expliquerait parfaitement cette démarche, il est venu savoir de mes nouvelles, et que c’est toi qui lui en as donné.

Jeanne embarrassée.

Non, maman, jamais M. Charles Valleray n’est venu demander de vos nouvelles

La Comtesse.

J’en étais sûre, tu me l’aurais dit. Et vois, ma petite Jeanne, vois comme on invente ! quelqu’un assure vous avoir vus, un soir, ensemble dans le jardin.

Jeanne vivement et se levant.

On nous a vus !

La Comtesse se trahissant et se levant aussi.

C’est donc vrai ?

Jeanne.

Et qui est-ce qui nous a vus ?

La Comtesse.

Mais c’est donc vrai ?… c’est donc vrai, malheureuse !

Hector qui s’est levé, bas à la comtesse.

Calmez-vous.

La Comtesse d’une voix plus douce.

Pourquoi ne m’as-tu pas conté cela, mon enfant ?

Jeanne gravement.

Parce que c’était mal.

La Comtesse.

Ainsi, tu avais le sentiment de ton… imprudence ?

Jeanne.

Quelle imprudence ? Il m’avait fait jurer de garder le secret et j’ai tenu ma promesse.

La Comtesse.

Tu as eu raison, ma fille ; il faut toujours tenir ses serments. Mais explique-moi cette histoire-là, car je ne la comprends pas bien ; il faut qu’on me l’ait mal racontée. On m’a dit qu’on t’avait vue seule avec M. Charles Valleray dans le jardin, il y a un an, au mois d’août ; on a même précisé la date, la nuit du 28 au 29 août, il y a un an.