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La Comtesse de même.

Oui… Vous, regardez-la. (Haut, à Jeanne, admirant sa coiffure.) Comme tu es belle ! pourquoi t’es-tu parée ainsi ?

Jeanne.

Pour dîner chez mon oncle.

La Comtesse troublée.

Ah !

Jeanne.

Vous l’avez oublié… c’est aujourd’hui mercredi ; et il vient maintenant chez lui tant de monde le soir !

La Comtesse embarrassée.

En effet, j’avais oublié de te dire que nous ne dînerions pas aujourd’hui chez le maréchal… Il est souffrant… il ne recevra personne.

Jeanne.

Pauvre oncle ! nous irons savoir de ses nouvelles après dîner.

La Comtesse.

Non, il veut être seul.

(Elle fait signe à Hector.)
Jeanne.

Tout seul ?

La Comtesse.

Non, il veut rester à causer tranquillement avec un de ses anciens amis, un ami que ta chère grand’mère n’aimait guère, et qu’elle n’a jamais voulu recevoir, l’ancien préfet de Blois, M. Valleray. Tu t’en souviens, il passait souvent à cheval sous nos fenêtres avec son fils ? (Bas à Hector.) Elle se trouble. (Haut.) Tu ne te rappelles pas Charles Valleray, un grand jeune homme… blond ?…

Jeanne.

Et mon oncle, lui, ne le déteste donc pas ?

La Comtesse.

Au contraire, il était souvent en querelle avec la vieille marquise parce qu’elle lui disait de lui et de son père beaucoup de mal. Mais M. Valleray lui-même savait bien que nous autres nous n’étions pas ses ennemis, et son fils prétendait que toi, Jeanne, toi… tu étais particulièrement bienveillante pour lui.