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La Comtesse.

Léonard ne pouvait confondre ma fille avec une autre, et pour qu’il certifie l’avoir reconnue, il faut qu’il l’ait bien observée et vue positivement.

Hector.

Ainsi, vous la croyez coupable ?

La Comtesse.

Coupable, non ; mais victime d’un misérable qui aura voulu se venger sur elle des humiliations que la marquise de Clairmont lui avait fait endurer. On savait qu’on ne pouvait atteindre la vieille marquise que dans sa tendresse pour Jeanne, c’était sa filleule, son héritière, la pauvre femme l’idolâtrait. Eh mon Dieu ! il en est ainsi de tous ceux qui la connaissent ! elle est si charmante, vous comprenez cela vous-même, vous la voyez depuis deux mois seulement… et

Hector.

Je l’adore !… mais si je l’ai adorée si vite, c’est pour sa candeur ; non, vous dis-je, elle est innocente ; faites-la venir et interrogez-la.

La Comtesse.

C’est ce que je vais faire. (Elle remonte et passe à gauche.) Mais comment l’interroger ? je ne voudrais pas… Je ne sais quelles questions lui adresser… je crains de l’éclairer…

Hector vivement.

Ah ! vous voyez bien, que vous ne la croyez pas coupable ! Rassemblez tout votre courage et faites-la demander.

La Comtesse.

Tout de suite. Mais vous voulez rester ?

Hector.

Certainement.

La Comtesse.

Vous la troublerez peut-être.

Hector.

Au contraire, je lui donnerai de l’assurance ; moi, je suis de son parti.

La Comtesse.

Croyez-vous donc que je suis contre elle ?

Hector.

Vous doutez.