Je vous remercie, mon bon Léonard. Attendez que je vous fasse demander ; vous ne partirez que ce soir, il est possible que nous ayons encore besoin de vous… Au revoir.
Scène VIII.
Mais vous croyez donc tout ça, vous !…
Monsieur de Renneville, je vous rends votre parole, vous êtes libre.
Je n’en veux pas de ma liberté !… Je vous dis, madame, que votre fille est innocente, et je ne comprends pas que vous en doutiez, vous, sa mère !… Eh bien ! moi, qui ne l’ai pas connue enfant, moi qui ne l’ai point portée sur mes bras à son berceau, moi qui n’ai pas vu comme vous croître sa beauté, s’épanouir sa jeune âme, se développer sa jeune et brillante imagination, sa pensée si noble, si pure, moi qui la connais à peine, je la déclare, je la juge, je la sens innocente !
Vous l’aimez, et l’amour…
L’amour ne cherche pas à se flatter dans la jalousie ; au contraire, il est avide de soupçons, et pour que moi, qui devrais douter, j’aie foi malgré l’évidence, — oh ! je reconnais l’évidence ! — c’est que la vérité me frappe, m’inspire et me rend lucide malgré tout.
Ce récit… l’attachement de Léonard pour notre famille, pour cette enfant qu’il lui faut accuser…
Léonard a mal vu, c’était une autre femme, quelque jeune fille qui avait intérêt à le tromper…