Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/339

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mère passionnée, doit souffrir ; mais, prenez-y garde, madame, Votre zèle imprudent va compromettre tout, et à jamais. M. Charles Valleray sera de retour en France dans quelques mois, et sans doute un mariage…

La Comtesse.

Charles Valleray ! que parlez-vous de M. Charles Valleray ? Je ne le connais pas.

Madame de Blossac méchamment.

Mademoiselle votre fille le connaît.

La Comtesse.

Vous mentez ! ma fille n’a jamais vu cet homme.

Le Maréchal indigné.

Ma nièce, n’insultez pas une personne que j’aime et qui mérite tous vos respects.

Madame de Blossac.

L’injustice de cette pauvre mère ne peut me blesser, ses injures sont les cris de sa douleur, je les lui pardonne.

Le Maréchal.

Loin de l’insulter, vous devriez la remercier de sa protection pour votre fille.

La Comtesse.

Ma fille, protégée par sa plus cruelle ennemie !

Le Maréchal.

Son ennemie ?

La Comtesse.

Vous ne voyez donc rien ? Cette femme vous rend aveugle.

Le Maréchal.

Cette femme est celle que j’ai choisie, qui doit porter mon nom, je vous ordonne de la respecter devant moi.

La Comtesse.

Il va l’épouser ! Ah ! tout s’explique !… Elle calomnie ma fille pour le séparer de nous et profiter de son isolement et de sa douleur… C’est très-bien joué, mademoiselle !… (Au maréchal.) Car vous saurez…

Le Maréchal.

Je sais que mademoiselle de Blossac est digne de moi, je n’aurai jamais à rougir d’elle. Je voudrais pouvoir en dire autant de toutes les femmes de ma maison.