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Scène XII.

MADAME DE BLOSSAC, LA COMTESSE, LE MARÉCHAL.
La Comtesse avec autorité.

Ma fille ! où est-elle, monsieur le maréchal ? On m’a dit que Jeanne était auprès de vous, je ne la vois pas. Où est ma fille ?

Madame de Blossac.

Elle est ici, madame, rassurez-vous.

La Comtesse.

Sa place n’est pas ici ; je ne veux pas, moi, qu’elle reste ici… Mais je l’entends… c’est elle !…

(Elle va pour entrer dans la chambre où elle a vu Jeanne.)
Le Maréchal allant à la comtesse.

Je vais la conduire au couvent.

La Comtesse.

Au couvent ? ma fille au couvent ?…

Madame de Blossac.

Monsieur le maréchal, tuteur de Jeanne, a pensé qu’après ce scandale il était prudent…

La Comtesse.

Le maréchal n’a rien pensé ; c’est vous qui lui avez mis cette idée en tête !

Le Maréchal.

Ma nièce !

Madame de Blossac.

Et qui peut vous faire croire, madame, que cette idée vienne de moi ?

La Comtesse.

C’est que cette idée est infernale et qu’elle déshonore ma fille ! Cacher une jeune personne que l’on calomnie, c’est se rendre complice de ses calomniateurs, c’est la perdre !… Plus on la flétrit, plus il faut qu’elle prouve qu’elle n’a pas honte de se montrer. Demain… aujourd’hui j’ai trop pleuré… demain je mènerai Jeanne dans le monde… demain tous ces horribles mensonges tomberont à sa seule vue.

Madame de Blossac.

Je comprends tout ce que le cœur d’une mère, d’une