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vous donner, puisque je ne veux pas être à vous ? Que puis-je imaginer ? Que puis-je offrir ? Je ne possède rien que ma réputation. Eh bien… je la risque… Hélas ! vous la protégerez mieux que moi ; car me compromettre, ce serait vous engager… et… vous ne m’aimez pas !

Hector.

Il est vrai, j’ai contre vous des préventions sérieuses… je ne vous aime pas… mais…

Madame de Blossac avec confiance.

Mais vous m’aimerez ?…

Hector.

Vous le croyez ?

Madame de Blossac.

Je le sens. L’émotion que j’éprouve est trop violente pour n’être point sympathique. L’amour m’a bien changée, moi ; il vous changera. Il est plus fort que moi, il sera plus fort que vous…

Hector.

J’en prendrai mon parti.

Madame de Blossac.

Mais on peut venir… adieu.

Hector.

À demain. Vous me donnerez, vous me l’avez promis, tous les renseignements que vous aurez recueillis ?

Madame de Blossac.

Oui… à demain !

Hector.

À demain.

(Il sort. Elle le regarde partir avec tendresse et tombe anéantie dans un fauteuil.)

Scène IX.

MADAME DE BLOSSAC seule.

Que je l’aime !… Ah ! monsieur de Renneville, vous imaginez que c’est une chose toute simple que de recevoir chez vous madame de Blossac ! Vous ne comprenez pas que ce rendez-vous imprudent, fatal, où le noble rôle sera pour moi, deviendra le tourment de toute votre vie. Demain sera le premier jour de mon empire !… Chose étrange ! j’ai causé la mort d’un pauvre jeune homme qui m’aimait, par lâcheté,