Vous m’aimez, et vous ne voulez pas me voir !
Ici, non… mais ailleurs.
C’est mieux.
Hector, pas de fatuité ! ne gâtez pas la seule émotion heureuse de ma vie. C’est avec l’homme que j’aime, que j’appelle, que je rêve depuis tant d’années, que je veux être sincèrement vertueuse ; je serai réellement pour lui ce que je feins d’être pour les autres. Avec vous, Hector, avec vous je serai noble, franche, honnête, digne… ce sera ma volupté.
Quelle étrange femme ! (Haut.) Eh bien ! quand me permettrez-vous de vous voir et…
Je dois partir demain soir.
Alors, demain… et…
Demain, à deux heures, je dois aller chez la duchesse de Cleveland, à l’hôtel Wagram.
J’y demeure aussi. Mon appartement est une dépendance du sien.
Je me tromperai de porte… attendez-moi.
Vous, chez moi… Et si l’on vous reconnaît ?
Qui oserait me reconnaître ?
Mais si on vous arrête ? si un hasard malheureux prouve…
Et si cela me plaît, à moi, de risquer en un moment ma réputation pour vous ; si ce grand péril a pour moi de l’attrait, cet attrait de l’abîme qui séduit toutes les ambitions et tous les amours ? Que penserez-vous de ma tendresse ? Que puis-je faire pour vous ? Quelle preuve de dévouement puis-je