Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Madame de Blossac à part.

Quelle pâleur ! Il l’adore.

Hector se contraignant.

Et comment la savez-vous, cette histoire-là ?

Madame de Blossac.

Voilà ce que je ne puis vous dire aujourd’hui. Cette histoire est le secret d’une autre femme, et je l’avais oublié ; mais à cette nouvelle inattendue, jetée tout à coup dans la conversation : « Jeanne se marie, elle épouse M. de Renneville, » ah ! je me suis tout rappelé ; ce souvenir m’est revenu comme une inspiration ; tous les détails de cette nuit romanesque complètement effacés se sont réveillés dans ma mémoire, et emportée par la fureur d’une jalousie folle, j’ai tout révélé.

Hector.

Si l’aventure est vraie, je ne saurais vous en vouloir, et je fais des vœux pour que Jeanne épouse ce M. Valleray. Est-il marié ?

Madame de Blossac.

Je n’en sais rien.

Hector.

Madame de Clairmont peut arranger cela. Il ne sera pas toujours à Smyrne.

Madame de Blossac.

Est-ce qu’il est à Smyrne ?

Hector vivement.

Certes, sans cela !… (Se calmant.) on l’aurait fait s’expliquer. Son père était préfet à Blois, et madame de Clairmont habitait la maison de la mère de son mari.

Madame de Blossac.

De la vieille marquise de Clairmont.

Hector.

Mais elle était morte, la vieille marquise, à cette époque.

Madame de Blossac.

Depuis quelques mois.

Hector.

Vous la connaissiez ?

Madame de Blossac.

Non.

Hector.

Comment savez-vous si bien qu’elle était morte ?