Et quel est ce défaut unique que vous daignez avoir ?
Vous ne le devinez pas ?
Que vous êtes… trop raisonnable… C’est un défaut qui est encore une qualité ; c’est ingénieux.
C’est inepte !… Si je suis une femme trop raisonnable, alors c’est par raison que je l’aime, c’est-à-dire par intérêt.
Sans doute. Je suis stupide !… Ah ! je tiens votre défaut : je lui dirai que vous avez une imagination trop ardente.
À un vieillard !… quelle idée !
Imprudent ! qu’allais-je dire ! Il y aurait de quoi l’épouvanter à jamais. Ce que c’est pourtant que l’exercice ! Je m’étudie à paraître bête, et je le deviens ! Je ne trouve pas… Avouez-moi vous-même votre défaut.
N’est-ce pas un défaut que d’être trop romanesque, d’aimer l’ombre et le silence, de fuir l’éclat du monde et d’avoir pour idéal…
Une chaumière et son cœur ?
Allons donc !
C’est juste ! Quel est le plus sûr moyen de parvenir à être la femme d’un maréchal de France ? C’est de professer le mépris des grandeurs. Quel est le plus sûr moyen de séduire un vieil Almaviva — viva, pas trop ! — qui veut être aimé pour lui-même ? C’est de déclarer qu’on ne veut se marier que par amour… Ah ! che bestia ! c’est de la grande école.
Il va revenir ; il m’aime, mais je veux connaître ses intentions. Tâchez de les savoir. Je vous laisse avec lui.