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Des Tourbières.

Mais on revient de Smyrne ; on va lui écrire.

Madame de Blossac.

Quand il reviendra…

Des Tourbières.

J’entends !… vous aurez épousé le maréchal. — Vous l’avez vu ? vous lui avez dit que vous l’aimiez ?

Madame de Blossac.

Non vraiment ; ce n’est pas à moi de lui dire cela.

Des Tourbières.

Et à qui donc, si ce n’est à vous ? Ce n’est pas à moi, je pense ?

Madame de Blossac.

Ce serait peut-être mieux.

Des Tourbières.

Quoi ! vous voulez que, moi, je fasse pour vous des aveux d’amour à un maréchal ! il faut que je lui dise que vous l’aimez !… moi !… Et que lui direz-vous donc, vous ?

Madame de Blossac.

Je lui dirai le contraire.

Des Tourbières.

Pourquoi ?

Madame de Blossac.

Pour qu’il le croie.

Des Tourbières.

Pour qu’il croie le contraire ?

Madame de Blossac.

Eh non ! je lui dirai que je ne l’aime pas, pour qu’il croie que je l’aime… Comprenez-vous ?

Des Tourbières.

Oui, je comprends. C’est très-fort !

Madame de Blossac.

Il ne serait pas maladroit de lui parler de moi avec froideur, comme d’une personne dont les opinions et le caractère n’ont pas vos sympathies.

Des Tourbières à part.

Ça m’est plus facile, ça.

Madame de Blossac.

Vous pourriez lui dire que j’ai de très-grands défauts, un entre autres qui peut me perdre.