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Le Maréchal.

Et tu ne t’en vas pas ?

Jeanne.

Non… Je suis un peu comme est madame de Blossac quand elle entre ici, j’ai l’air embarrassé, je suis toute tremblante… Est-ce vrai, mon oncle, que vous allez vous marier avec elle ?

Le Maréchal.

Non, mon enfant. Qui t’a conté cela ?… Est-ce que cela te ferait de la peine, si je l’épousais ?

Jeanne.

À moi ? non vraiment. Je l’aime beaucoup ; elle est si bonne !… et comme elle vous est dévouée ! Nous nous entendrions bien toutes les deux pour vous soigner.

Le Maréchal.

Mais qu’est-ce qui te fait supposer qu’elle m’est si dévouée ?

Jeanne.

Elle le dit toute la journée ; elle parle de vous sans cesse, elle ne s’occupe que de vous, de vos souffrances ; elle a fait trois neuvaines pour votre jambe, pour votre goutte, et je crois bien que c’est ça qui vous a guéri ; car vous êtes guéri, mon petit oncle ?

Le Maréchal se levant.

Oui, et je vais entreprendre avec toi une grande promenade.

Jeanne.

C’est imprudent, je ne veux pas.

Le Maréchal.

Nous n’irons pas loin… nous ne sortirons pas de la maison. Je veux te conduire dans ton nouvel appartement…

Jeanne.

L’appartement du premier, qui donne sur le jardin, et que vous faites meubler pour M. de Renneville ?

Le Maréchal.

Tu le sais ?… Et moi qui voulais vous faire une surprise !

Jeanne confuse.

Ah ! c’est vrai… Que je suis sotte ! j’ai oublié d’être étonnée.