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Des Tourbières.

Cependant, madame, la charité est toujours la charité ; et l’aumône…

La Comtesse.

Il ne faut pas abuser de l’aumône. L’aumône a aussi son crédit, qu’il faut savoir ménager.

Madame de Blossac à Jeanne, du côté opposé à Saint-Iriex.

Il y a longtemps que vous le connaissez ?

Jeanne.

Deux mois.

Madame de Blossac.

Vous ne l’aimez pas ?

Jeanne.

Si !…

Madame de Blossac.

Déjà ?

Jeanne.

Moi, je crois qu’on doit s’aimer tout de suite, ou jamais : c’est une idée que j’ai !

Madame de Blossac.

Cependant il faut savoir si l’on se convient.

Jeanne.

On devine cela. (Montrant des Tourbières.) Je n’ai pas besoin de voir ce monsieur-là bien longtemps pour savoir que je ne l’aimerai jamais.

Madame de Blossac.

L’aimable étourdie !… elle dit tout !… Mais lui, vous aime-t-il ?

Jeanne.

Non, il rit toujours !… Quand je lui dis une niaiserie, il s’écrie : Qu’elle est gentille !… Ce n’est pas aimer, cela.

Madame de Blossac.

Et comment ne l’ai-je pas encore rencontré chez le maréchal ?

Jeanne.

Il n’y vient que le matin… Il était en deuil, il n’allait pas dans le monde.

Madame de Blossac.

Et à quand la noce ?