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La Comtesse.

Le mariage de ma fille… Il a voulu que je vinsse moi-même vous l’annoncer.

Madame de Blossac.

Elle se marie déjà ! mais c’est une enfant…

Jeanne.

Je vais avoir seize ans !

La Comtesse.

Mon futur gendre doit dîner avec nous. Je suis certaine qu’il vous plaira ; quoique jeune, c’est un homme sérieux. Peut-être même avez-vous déjà entendu parler de lui… c’est M. de Renneville

Madame de Blossac.

M. de Renneville !… Lequel ? j’en connais un.

La Comtesse.

Hector de Renneville… Il y en a deux… Lequel est le vôtre ?

Madame de Blossac.

Hector !… oui, c’est bien cela !… c’est le mien.

La Comtesse.

Ah ! vous le connaissez ?

Madame de Blossac.

Et vous ne m’apprenez rien en me disant que c’est un des jeunes gens les plus distingués de Paris… et puis c’est un très-bon parti ! Que je suis joyeuse de cette bonne nouvelle ! Vous ferez au maréchal tous mes compliments… (Lui tendant la main.) et vous, acceptez-les aussi… Cette chère Jeanne !

(Elle passe à elle et va l’embrasser. La comtesse est accaparée par M. de Saint-Iriex, mais elle suit des yeux sa fille.)
M. de Saint-Iriex.

Eh bien ! madame de Clairmont, vous nous tenez toujours rigueur ? Vous qui quêtez pour l’œuvre des Crèches, pour toutes les bonnes œuvres fondées à Paris, vous refusez de participer à la nôtre ?

La Comtesse.

Je n’y crois pas, à la vôtre. Monsieur de Saint-Iriex, il n’y a rien de plus dangereux au monde que les idées fausses : elles font tort aux idées justes.