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Madame de Blossac à la comtesse.

C’est son auditeur favori.

Des Tourbières à part.

C’est-à-dire sa victime préférée. (Haut à Jeanne en passant derrière le canapé.) Mademoiselle, oserai-je vous demander si vous avez donné un pendant à ce charmant paysage que vous présentâtes l’autre jour au maréchal ?

Jeanne.

Pas encore, mais j’y travaille.

Des Tourbières.

Vous cultivez le dessin avec préférence ?

Jeanne.

C’est ma passion !

Des Tourbières choqué.

Passion ! ce mot me surprend… Savez-vous ce que c’est que d’avoir une passion ?

Jeanne.

Oui, c’est aimer trop.

La Comtesse.

Qu’est-ce qu’elle dit donc là ?

Jeanne.

Maman, je dis que j’aime à dessiner beaucoup trop.

La Comtesse.

C’est vrai : elle se lève avec le jour pour dessiner, et le soir à huit heures elle tombe de sommeil !

Des Tourbières.

Quel est son maître de dessin ?

La Comtesse.

C’est Marcelin.

Des Tourbières.

Excellent !… un véritable artiste.

(Il indique à Jeanne un tableau appendu à droite ; Jeanne se lève pour le regarder et des Tourbières va rejoindre Saint-Iriex à gauche.)
Madame de Blossac.

Et puis un bien honnête homme ! (Bas à la comtesse.) Il avait tourné la tête à une de ses élèves… Eh bien, il l’a épousée… c’est une belle action !

La Comtesse.

Oui, mais comme il ne pourrait pas la recommencer, je