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Il lui faut la mener tous les soirs au spectacle,
Avec de grands turbans ou de petits chapeaux,
Ou la conduire au bal couverte d’oripeaux…

Edgar.

C’est traîner un boulet.

Pluchard.

C’est traîner un boulet.D’une étrange nature ;
Peste ! un boulet qui veut qu’on le traîne en voiture !
C’est un luxe…

Martel.

C’est un luxe…Pluchard !

Pluchard.

C’est un luxe… Pluchard ! Je remplis un devoir.

Martel.

J’en conviens, je suis faible, et je crains son pouvoir.
Mais elle me permet de sortir pour affaire,
Elle me laisse aller tout seul chez mon notaire,
Je suis libre les jours de grands événements :
J’ai pour moi les duels et les enterrements.

Pluchard.

Riez, riez, bercez son éternelle enfance,
C’est honteux ! c’est honteux !


Griffaut à Martel.

C’est honteux ! c’est honteux ! J’accours à ta défense.
Qu’est-ce ?

Martel.

Qu’est-ce ? Pluchard me gronde, il a le vin moral.
Mais il faudrait un peu s’occuper du journal ;
Tu me fais des sermons, et tes farces bouffonnes
Ont failli d’un seul coup renverser nos colonnes.

Pluchard.

Comment ?

Martel.

Comment ? Monsieur Guilbert était scandalisé.

Pluchard.

Guilbert était ici ?

Dubac qui écoutait.

Guilbert était ici ? Guilbert ? ce gros frisé,
Qui pour mieux resserrer les nœuds de la famille
À l’amant de sa femme a marié sa fille ?