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Des Tourbières.

Légèrement ! Sa mère ne l’a jamais quittée un seul jour !

Madame de Blossac.

Un seul jour, peut-être ! Mais l’histoire ne dit pas que ce fût le jour.

Des Tourbières.

Une aventure nocturne à Jeanne ! quelle folie ! À son âge, on dort la nuit ; une sérénade, un charivari ne vous réveillerait pas. C’est impossible ! Mais, prenez-y garde, si le maréchal a toujours près de lui cette charmante jeune fille pour le soigner, le distraire, il ne songera plus à vous épouser.

Madame de Blossac.

Cela m’alarme peu.

Des Tourbières.

Son influence grandit tous les jours ; il la trouve charmante, et je suis de son avis.

Madame de Blossac.

Eh ! vous êtes toujours de son avis, vous répétez tout ce qu’il dit, si bien qu’on vous a surnommé l’Écho du maréchal.

Des Tourbières.

C’est madame de Clairmont qui m’a donné ce sobriquet Elle est maligne, madame de Clairmont. C’est elle aussi qui vous a surnommée lady Tartuffe…

Madame de Blossac.

Parce que j’ai pour amies les femmes les plus respectables de l’Angleterre.

Des Tourbières.

Franchement, ce nom de lady Tartuffe est assez heureux. C’est un hasard, car, entre nous, mademoiselle Virginie de Blossac, n’êtes-vous pas un peu la veuve d’un jeune lord ?…

Madame de Blossac troublée.

Monsieur des Tourbières ! il était convenu que jamais vous ne rappelleriez cet affreux souvenir….

(Elle va s’asseoir sur le canapé.)
Des Tourbières.

Oh ! mon Dieu, madame, je ne veux point vous fâcher. Vous m’avez parlé du surnom qui m’était donné, j’ai cité le vôtre, voilà tout : mais si je suis l’écho du maréchal, c’est par votre ordre. (S’asseyant sur une chaise près du canapé.) J’ai de l’esprit, moi, vous le savez, puisque vous m’avez conseillé