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Madame de Blossac.

Madame de Clairmont est toujours près de lui, elle lui parle de moi ?

Des Tourbières.

Devant moi, non… je ne me le rappelle pas. — Ah ! si, cependant, hier elle a dit très-insolemment qu’elle n’aimait pas les hypocrites.

Madame de Blossac.

Vous appelez cela parler de moi ?

Des Tourbières.

Non, je me trompe, elle disait cela pour une autre. Eh ! pour moi !… c’est juste. Que je suis naïf ! comment ne me suis-je pas reconnu tout de suite ?

Madame de Blossac.

La mère et la fille viennent tous les soirs chez le maréchal ?

Des Tourbières.

Oui, malheureusement.

Madame de Blossac.

Pourquoi malheureusement ?

Des Tourbières.

Ah ! c’est qu’en écoutant causer sa nièce qui est très-piquante, en regardant la petite Jeanne qui est très-jolie, le bon vieux goutteux commence à se désennuyer ; et votre ingénieuse absence…

Madame de Blossac.

Mon ingénieuse absence !

Des Tourbières.

Se fait un peu moins sentir. Le maréchal était hier dans l’admiration de sa petite-nièce. Il est question de la marier.

(Mouvement de madame de Blossac.)
Madame de Blossac.

On ne la mariera pas facilement.

Des Tourbières.

Pourquoi ?

Madame de Blossac.

Il court sur son compte certaine histoire.

Des Tourbières.

La petite Jeanne, déjà calomniée !

Madame de Blossac.

Une pauvre fille, élevée si légèrement !