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Martel à part.

Que fait la Vérité ce soir ? Elle se grise.
(Haut.)
Le premier numéro doit paraître demain.

Guilbert.

La vérité nous guide une plume à la main !

Martel à part.

Oh ! oh ! le financier se lance dans l’image ;
L’intention me plaît, c’est pour me rendre hommage.
(Bas au laquais qui vient de relever le feu.)
Dites à ces messieurs de ne pas se presser,
Et de parler plus bas et de ne rien casser.
(À part.)
Ce bruit l’alarmerait… la finance est peureuse.
(Haut.)
Le plan de ce journal est une idée heureuse.
J’ai bien chiffré l’affaire et la crois sans défaut ;
Mais ce sont des soutiens comme vous qu’il nous faut,
Car ce n’est pas l’argent, c’est le crédit qui manque.

Guilbert à part.

Oh ! oh ! notre Geoffroi se lance dans la banque,
Venons à son secours.
(Haut.)
Venons à son secours.Vous avez mon secret.
Dans ce nouveau journal je prends un intérêt ;
Mais ma position… mon gendre au ministère…
Vous comprenez…

Martel.

Vous comprenez…Très-bien.

Guilbert.

Vous comprenez… Très-bien.J’agis avec mystère.
Par moi vous obtiendrez plus d’un renseignement,
Mais vous en userez vous-même prudemment.
D’une indiscrétion on chercherait la source,
Et je ne pourrais plus…

Martel à part.

Et je ne pourrais plus…Spéculer à la Bourse.

Guilbert.

Vous donner des avis avec autorité ;
Et tout doit être vrai dans notre Vérité.
J’ai là le prospectus, il est fait à merveille.

(Il va pour lire le prospectus.)