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Martel.

Pour laisser ces messieurs libres.Elle a bien fait,
Et ces affaires-là sont graves en effet.

(Les laquais sortent.)

Ô madame Pluchard, que vous êtes sublime !
Sainte abnégation de femme légitime !
Quoi ! vous êtes épouse, et votre digne époux
Peut donner à loisir de gais repas sans vous !
Et moi qui n’ai point fait de serments chez un maire,
Moi, je n’y puis venir, tant ma coupe est amère.
Ah ! c’est dans l’hymen seul qu’avec sécurité
L’homme respire enfin l’air de la liberté !

(On entend des rires.)

Scène III.

MARTEL, GUILBERT est introduit par un laquais.
Martel.

Heureux…
Heureux…(Apercevant Guilbert.)
Heureux…Monsieur Guilbert, notre capitaliste,
Notre budget !

Guilbert apercevant Martel.

Notre budget ! Martel ! le fameux journaliste !

Martel à part.

Je n’ose en cet état paraître devant lui,
Je suis trop laid… Ah bah ! c’est la mode aujourd’hui.
On ne s’habille plus pour aller dans le monde.
(Regardant Guilbert, qui est assez mal mis.)
Et d’ailleurs…

Guilbert à part.

Et d’ailleurs…Parlons-lui du grand journal qu’il fonde.
Prouvons à ce Geoffroi, malgré ce qu’il écrit,
Qu’un homme de finance est un homme d’esprit.

Martel à part.

Le gros Mondor, je crois, me fait dès prévenances ;
Prouvons-lui qu’un auteur se connaît en finances.

Guilbert à Martel.

Pluchard nous fait attendre, il m’avait dit pourtant
Que nous pouvions ici nous rejoindre un instant,
Pour causer à loisir de sa belle entreprise.
Que fait la Vérité ce soir ?