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LETTRES PARISIENNES (1840).

Discours de M. de Rémusat : Messieurs, je pourrais bien dire… mais…

Nous imiterons l’ex-ministre de l’intérieur dans sa cruelle générosité… nous ne dirons pas ce que nous pensons de la bonne foi de son discours.

Discours de M. Garnier-Pagès : M. Guizot ne vaut guère mieux que M. Thiers ; M. Thiers ne vaut guère mieux que M. Barrot, qui lui-même ne vaut guère mieux que les autres. Quant à moi, je reconnais que je ne suis bon à rien ; aussi je n’ambitionne d’autre pouvoir que celui de me moquer de tout le monde.

Dernier discours de M. Guizot : Je ne souffrirai pas que l’on dise aujourd’hui de la couronne ce que j’en ai dit moi-même il y a deux ans. On ne me pardonne pas d’avoir fait partie de la coalition. Eh bien, ni moi non plus. Ce souvenir me gêne à tout moment ; mais n’importe, il est de mon devoir de le repousser. Je ne laisserai point proclamer à cette tribune que le roi se mêle des affaires du pays. C’est une calomnie contre laquelle je dois protester. Le roi, messieurs, ne s’intéresse nullement à ce qui se passe dans son royaume. Il sait très-bien que, s’il est roi, c’est à condition de ne point régner. Jamais il ne s’oublierait au point de donner un avis dans le conseil ; il a laissé faire à M. Thiers toutes les fautes que vous savez ; il me laissera faire à moi-même toutes celles dont je suis capable. Dans le gouvernement de la France, le roi n’est rien, il ne peut rien, il n’est responsable de rien ; il est là seulement pour être assassiné. À nous le pouvoir, à lui les coups de fusil : chacun son métier. Vive la Charte !

Discours de M. Jaubert : J’ai subi autrefois l’influence de M. Guizot, je subis aujourd’hui celle de M. Thiers, mais je n’en suis pas moins indépendant ; la preuve, c’est que je suis violent et injurieux comme un homme qui se passionnerait de lui-même. J’ai fait faire par les travaux publics ce que j’ai fait pour ma fortune personnelle (savoir : une grande route, un canal et un chemin de fer qui conduiront à mes forges de Fourchambault, et qui ne me coûteront pas un sou) ; j’ai donné en cela un bon exemple. Un ministre des travaux publics ne doit pas négliger les travaux particuliers.

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