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LE VICOMTE DE LAUNAY.

IMPRESSIONS POLITIQUES.

Premier discours de M. Guizot : Messieurs, la diplomatie est un jeu qui, comme les autres, exige de la probité. Or les diplomates de l’Europe, s’étant aperçus que l’honorable M. Thiers avait triché, n’ont plus voulu faire sa partie ; voilà pourquoi ils ont signé le traité du 15 juillet.

Discours de M. Thiers : L’honorable M. Guizot en impose à la Chambre. Je lui ai écrit une lettre que voici. Il m’en a répondu une autre que je ne vous lirai pas, mais qui vous prouvera qu’il a été un détestable ambassadeur. Quant au roi, je lui en veux mortellement pour m’avoir laissé partir lorsque je ne pouvais plus rester. Cependant j’ai fait pour lui ce que personne n’aurait osé faire, je lui ai donné des forts détachés !

Discours de M. Odilon Barrot : M. Thiers a voulu me porter à la présidence de la Chambre. Je veux faire quelque chose pour lui. Je n’ai rien à dire ; c’est égal, je parlerai trois heures. Je lui dois ça… Je donnerai aussi un gage à mon parti. Je ne dirai pas M. de Brunow, je dirai pruneau tout court… (Ici l’orateur est interrompu.) Je remercie l’auteur de cette interpellation, qui m’offre une occasion de me justifier. Oui, messieurs, cédant à un sentiment que tout homme éprouve dans sa jeunesse, en 1815 je me suis engagé comme volontaire royal ; mais je n’ai jamais fait partie des volontaires royaux.

Discours de M. Berryer : Messieurs, il est impossible que l’Europe n’ait pas voulu insulter un gouvernement qui me déplaît. Je m’entends avec M. Thiers et plusieurs dames pour le renverser… La voix me manque… je ne peux plus parler… mais je vais vous chanter la Marseillaise.

Discours de M. de Lamartine : Ce gouvernement n’est pas non plus très-fort de mon goût, mais des intrigants perdent mon pays, je veux du moins essayer de le sauver ; d’ailleurs, en fait d’honneur français et de gloire militaire, j’aime mieux m’en rapporter à un maréchal de l’Empire qu’à des avocats qui ne se sont jamais battus.