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LETTRES PARISIENNES (1840).

sont-ils pas les véritables auteurs ? Rappelez-vous cette phrase : « Qu’ont-ils fait, ceux qui vous gouvernent, pour avoir des droits à votre amour ? Ils vous ont promis la paix, et ils ont amené la guerre civile et la guerre désastreuse d’Afrique ! ils vous ont promis la diminution des impôts, et tout l’or que vous possédez n’assouvirait pas leur avidité ! »

Ne reconnaissez-vous pas là une des plus belles phrases du Courrier français ?

« Ils vous ont promis une administration intègre, et ils ne règnent que par la corruption ! Ils vous ont promis la liberté, et ils ne protègent que privilèges et abus ; ils s’opposent à toute réforme… »

Ceci n’est-il pas du National pur ?

« Enfin, ils ont promis qu’ils défendraient avec conscience notre honneur, nos droits, nos intérêts, et ils ont partout vendu notre honneur, abandonné nos droits, trahi nos intérêts ! »

Ne lisait-on pas cela chaque matin dans le Siècle :

« Il est temps que tant d’iniquités aient leur terme ; il est temps d’aller leur demander ce qu’ils ont fait de cette France si grande, si généreuse, si unanime de 1830 !… »

N’est-ce pas là, enfin, un des meilleurs refrains du Constitutionnel ?

Eh quoi ! tous les journaux de France ont crié pendant deux ans à cet exilé : « La France périt dans l’esclavage ; elle est ruinée, méprisée, déshonorée, désespérée, trahie, vendue, perdue !… » Et maintenant ils osent le trouver coupable d’être venu à son secours !… Hélas ! ils ont raison, car en politique c’est un crime que d’écouter deux fois les imposteurs.


LETTRE VINGT-CINQUIÈME.

Ce qu’on appelle un beau temps politique. — La guerre et la paix.
31 octobre 1840.

Nous avons le cœur navré ! depuis quinze jours nous n’entendons parler que d’émeutes prochaines, que de coups montés, que d’associations en faveur du régicide, que de trahisons, de projets sanglants. Chacun nous accueille par les prédictions les plus sinistres ; nous en avions l’esprit bouleversé. Cependant,