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LE VICOMTE DE LAUNAY.

doit y avoir des luttes de nageuses, luttes qui seront très-intéressantes.

Nous venons de lire la dernière pièce de madame Ancelot, les Honneurs et les Mœurs. Pour nous qui avons le préjugé de la comédie de vérité, qui croyons que le devoir d’un auteur dramatique est de peindre les mœurs, les passions, les vices, les misères et les ridicules de son temps ; pour nous qui regardons toutes les concessions faites au mauvais goût du public, aux aveuglements de l’époque, comme des flatteries méprisables, comme des crimes de lèse-poésie ; qui prétendons qu’un auteur comique n’a pas le droit de rêver et d’imaginer comme un simple auteur de romans, et qui pensons qu’il est tenu à rester dans le vrai, à peindre ce qu’il voit, à répéter ce qu’il entend, à raconter ce qu’il sait, à professer ce qu’il croit, à flétrir ce qui le révolte, à glorifier ce qu’il admire ; nous enfin qui avons ces sottes idées avec lesquelles on est si magnifiquement sifflé quand par hasard on obtient de faire représenter ses ouvrages, nous trouvons que cette dernière pièce de madame Ancelot est ce qu’elle a fait de mieux.


LETTRE VINGT-DEUXIÈME.

Les déménagements de raison et les déménagements d’inclination. — Fourier. — Une bonne guerre. — Une bonne famine. — Une bonne fièvre. — Une bonne gelée, etc., etc.
10 juillet 1840.

Vous plaît-il de savoir ce que font depuis huit jours les habitants de Paris, c’est-à-dire ce qui reste d’habitants à Paris ? ils déménagent, le déménagement étant un des plaisirs de l’été.

Or il en est des déménagements comme des mariages : il y a des déménagements de convenance et des déménagements de raison.

Il y en a bien encore une troisième espèce qu’on pourrait appeler déménagement d’inclination, celui qui se fait lorsqu’on éprouve le besoin de changer de quartier parce qu’on a changé d’amour ; mais nous ne voulons point parler de celui-là.

Le déménagement de convenance n’est pas sans charmes ; ordinairement, on ne quitte un appartement que l’on n’est point