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LE VICOMTE DE LAUNAY.

expliquer ce miracle de constance dans ce pays de la légèreté. Et puis madame d’Appony aime la France passionnément, et la France est comme les enfants, elle devine tout de suite les personnes qui l’aiment. Madame d’Appony laisse des regrets sincères. Pendant un mois, la foule s’est dirigée vers les salons de l’ambassade. C’étaient de tristes adieux. La dernière fois que nous y sommes allé, nous y avons trouvé l’ambassadeur et l’ambassadrice de Sardaigne. Comme nous témoignions quelque surprise, un diplomate nous a dit, en riant, qu’il avait dîné la veille chez le ministre de Hollande, avec le ministre de Prusse et le ministre de Danemark, et que l’ambassadeur d’Autriche et l’ambassadeur de Sardaigne y dînaient aussi. Quoi ! tandis que leurs rois se font la guerre, les ambassadeurs se donnent des poignées de main et dînent ensemble ! Nous venons de déclarer que la diplomatie était inutile à la république ; est-ce que par hasard la diplomatie ne serait pas non plus très-utile à la royauté ?

Nous ne vous parlerons pas des modes nouvelles ; nous craindrions de faire concurrence au gouvernement provisoire. Depuis deux mois lui seul s’est occupé de toilette. Il a inventé des collets brodés pour les lycéens, des chapeaux pointus pour les gardiens de Paris, des lisérés rouges pour les gardes mobiles, des pompons sphéroïdes pour les gardes nationaux, des gilets blancs à cornes menaçantes pour les représentants et pour lui-même ; il a imaginé des uniformes et des costumes pour toutes les classes ; il faut lui rendre justice : excepté les pauvres, il a habillé tout le monde. Nous vous dirons seulement que les maisons de commerce célèbres comprennent la république, elles font de l’élégance à bon marché. Baudrand fait pour vingt francs des capotes du plus grand style ; on trouve à la Chaussée d’Antin des robes charmantes à huit francs, des châles de laine à trois francs. Il est question d’une vaste association de couturières… Mais nous vous dirons cela dans le prochain feuilleton.

Un feuilleton !… il est donc vrai ! nous allons écrire encore des feuilletons, nous qui étions si heureux de notre silence, nous qui nous promettions avec tant de bonne foi de ne plus écrire du tout ! Mais quand il y a du danger à parler, il n’est