Résumé de nos observations :
Littérature des femmes : crimes et jurons.
Littérature des hommes : calembours et commérages.
Ne demandez plus maintenant pourquoi les grands poëtes font de la politique, pourquoi les petits écrivent des feuilletons.
Cela dit, tâchons de plaire aux hommes sérieux par les niaiseries les plus variées.
Commérages politiques : Le monde parlementaire a été fort agité cette semaine. La moindre visite d’un homme d’État chez un autre homme d’État, la moindre conversation entre deux personnages importants, donnaient lieu à une foule de conjectures. On a beaucoup parlé du dîner séditieux de M. le comte de Saint-Priest. Cette victime du 29 octobre avait réuni chez elle le président du conseil du 15 avril et le président du conseil du 1er mars…
Ce genre de nouvelle est fort goûté par les hommes sérieux ; les uns s’en vont répétant partout : « Eh bien, M. de Saint-Priest se venge ! il invite chez lui M. Molé et M. Thiers. — Oui, répondent les autres ; il leur a donné un dîner de coalition… » Et tous ensemble font vingt commentaires sur ce fait, en se cachant mutuellement qu’ils l’ont lu dans un journal ; car c’est encore une des manies du temps d’avoir toujours l’air d’être très-bien informé.
Il y a des députés qui ont voté en faveur du ministère et qui crient contre lui beaucoup plus fort que ceux qui ont voté franchement avec l’opposition. Quand on leur demande l’explication de cette inconséquence : « Nous ne voulons pas, disent-ils, renverser le ministère avant la fin de la session, à cause des chemins de fer… » Voilà une explication adroite bien capable d’apaiser l’électeur en courroux !
Commérages mondains : Jeudi, chez madame l’ambassadrice de Belgique, il y avait grande réunion. M. le ministre de l’instruction publique y est venu à une heure du matin. C’était un peu tard, mais cela voulait dire : « Moi aussi je reçois le jeudi, et j’ai eu ce soir tant de monde !… Le jeudi, je ne suis libre que le vendredi. »
Cette espèce de petite nouvelle n’est pas non plus sans charme pour les hommes sérieux ; ils aiment singulièrement à