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LETTRES PARISIENNES (1844).

Les seules fêtes dont on ait parlé depuis quelques jours sont les fêtes d’ambassade ; les étrangers continuent à faire les honneurs de Paris. La beauté à la mode, c’est la belle lady Duff…, la sœur de la célèbre mistress Norton, la petite-fille de Sheridan. Chaque hiver voit briller à Paris une étoile nouvelle. Tantôt la clarté vient du Nord, tantôt la douce lueur vient du Midi. Une année, la mode proclame reine lady d’Ors… ; une autre année, elle donne le sceptre à la séduisante marquise Pallavi…, puis elle couronne la charmante princesse Gal… ; enfin elle vient d’offrir la royauté à la petite-fille de Sheridan. Donc lady Duff… est l’étrangère à la mode. Ah ! qu’elle est jolie ! Son frère est l’étranger à la mode ; ça se trouve bien, ils triomphent en famille.

Notre dernier feuilleton nous a attiré force critiques. Messieurs les républicains se sont révoltés ; nous les avions accusés d’être grossiers ; pour nous confondre, ils nous répondent… quoi ? des grossièretés. — Les maladroits ! Il y a de si jolies choses à dire contre nous !

Puis, d’autres personnes nous ont reproché d’attacher trop d’importance à des niaiseries. Ô naïves personnes ! vous ne savez donc pas qu’aux yeux de l’observateur, il n’y a, dans ce monde, de sérieux que les niaiseries, parce qu’il n’y a de primitif, d’involontaire et par conséquent de sincère que les niaiseries. Dans les grandes actions de la vie, on se surveille, on se pare, quelquefois même on se masque… Dans les niaiseries de tous les jours, on se trahit. Les grandes actions ne disent à l’observateur que ce qu’on veut être ; les niaiseries seules lui révèlent ce qu’on est.