constant ; enfin, elle vous attendrit par cette héroïque persévérance, et vous vous intéressez à elle et au succès de votre propre séduction comme on s’intéresse au succès de toute entreprise habilement conçue et courageusement menée…
Eh ! un scrupule nous arrête… Que de femmes laides, après avoir lu ceci, vont devenir tourmentantes !… Ah bien, tant pis… et même tant mieux !… — Fol orgueil ! elles ne nous ont pas attendu pour ça.
Les gens du grand monde parisien l’avouent avec franchise, la beauté charme moins leurs yeux que l’élégance ; plusieurs nous ont déclaré naïvement qu’ils préféraient cent fois une femme, non pas tout à fait laide, mais injolie, entourée de luxe et couverte de diamants, dans un appartement superbe, à une femme admirablement belle, couverte de haillons, dans un taudis. Il y a bien encore quelques jeunes originaux qui aiment ce qu’on appelle les belles femmes ; mais ils sont en petit nombre, et le mauvais goût de ces esprits faux ne fera jamais autorité.
Pour tous les vrais connaisseurs, la beauté sociale est la plus séduisante ; aussi voit-on, à Paris, beaucoup de femmes très-admirées, très-aimées et réellement très-aimables, dont la beauté se compose :
D’un joli bonnet ; ruban rose, reflet favorable ;
D’une charmante robe de soie, nuance amie, forme intelligente ;
D’un soulier virginal ;
D’un petit bracelet sans valeur, mais d’un style pur ;
D’une bague précieuse religieusement portée ;
D’un beau mouchoir brodé élégamment déplié ;
D’un gros bouquet de violettes sentant la violette ;
De douze camélias dans des jardinières de Chine ;
De deux rosiers tout en fleur dans un vase de craquelé ;
D’une coupe de vieux sèvres remplie de bonbons ;
D’une argenterie très-bien tenue ;
D’un thé chaque soir bien servi ;
D’un café musulman pur moka ;
D’un vin de Xérès véritable ;
De beaux chevaux parfaitement attelés ;