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LETTRES PARISIENNES (1844).

oncles ! voilà qui est rare ! Ordinairement les noces pèchent par les oncles ; mais à ce mariage-là il y a eu des effets d’oncles merveilleux. Il y a eu aussi un effet de soleil magnifique. Cette splendide église de la Madeleine était éblouissante ; le soleil l’inondait de ses rayons d’or qui faisaient pâlir les orgueilleuses dorures des lambris. La nef était remplie des amis des mariés ; assemblée brillante où toute l’Europe célèbre était représentée. Et qu’ils étaient heureux ces jeunes époux ! La jeune fille n’a pas vingt ans et voilà déjà six ans qu’on l’aime. On a beau dire, rien n’est plus doux qu’un mariage d’inclination ; ces unions-là sont les seules qui restent sympathiques. — On ne s’aime pas toujours ! s’écrient les sages. — Non, mais on se plaît toujours. Et si l’accord des passions est quelquefois passager, l’harmonie des goûts et des idées est éternelle.

Enfin, ce soir nous nous rendons à une solennité littéraire que nous vous raconterons samedi.


LETTRE DOUZIÈME.

Exposition de fleurs et de fruits. — Orangerie du palais du Luxembourg. — Nouvelle espèce de provinciaux. — Leurs dédains pour les merveilles parisiennes. — Une soirée littéraire.
15 juin 1844.

Ah ! ceci n’est pas un cauchemar, c’est un beau rêve réalisé, c’est un échantillon de l’Éden, un aperçu des célestes parterres !… Ô niaiserie impardonnable ! est-ce qu’il y a des parterres dans le ciel ? Disons plutôt : Ce sont les serres du paradis… Ô démence non moins impardonnable ! est-ce qu’il peut y avoir une culture factice dans les jardins de Dieu ? Décidément, on ne peut peindre le monde idéal avec des mots humains. Contentons-nous de déclarer qu’en ce moment l’orangerie du Luxembourg est un séjour de délices où toutes les fleurs viennent lutter d’éclat, où tous les parfums viennent se disputer l’honneur de vous enivrer ; et qu’il est mille fois agréable d’être juge dans un concours de fruits, dans un combat de parfums, dans un carrousel de fleurs. C’est déjà bien assez prétentieux comme ça.