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LE VICOMTE DE LAUNAY.

mais du rêve le plus charmant. À cette fête, on a dansé la polka, la mazurka, et chaque danseuse tâchait d’imiter la maîtresse de la maison. C’était une excellente occasion à saisir pour prendre une leçon : où trouver un plus parfait modèle, une combinaison plus heureuse d’élégance et de distinction ? Une Lubomirska princesse de Ligne !… car les Lubomirska ont le double privilège d’être en Pologne ce que les Mortemart et les la Trémoille sont en France pour l’esprit et pour la beauté.

Voici un mot bien joli de M. Thiers. Il rencontre l’autre jour un académicien jeune encore, mais déjà dans l’âge sérieux : « Comme vous rajeunissez ! lui dit M. Thiers ; qu’avez-vous ? — Mais… rien. Allons donc… on ne rajeunit jamais sans motif. »

Gare au motif ! (Réflexion du rapporteur.)


LETTRE SEPTIÈME.

Analyse d’un proverbe. — Récit d’un concert. — Coiffures en fleurs naturelles confites. — Tire-bouchons de velours noir. — Le livret du Salon. — Conjugaison d’un verbe irrégulier. — Je vous fais compliment de votre âne ! Avez-vous vu mon vieux lapin ? — Études de champignons. — Esquisses et Portraits, livre nouveau de M. le duc de Doudeauville.
27 avril 1844.

Oh ! mais, on n’y saurait tenir : tous les plaisirs de l’été joints à tous les plaisirs de l’hiver… c’est trop ! Le matin, les promenades sentimentales dans le bois mystérieux, sous les grands arbres en fleur, et puis le soir les folles danses dans les salons bruyants, sous les lambris dorés, les mélodies des virtuoses et les sonates des oiseaux, les rayons du soleil et les splendeurs du lustre, l’ombrelle et l’éventail, la rêverie et la coquetterie… toutes ces fatigues et toutes ces joies en une même saison, c’est révoltant ! Paris n’est pas une ville d’eaux ; il n’y a que des goutteux et des malades qui puissent mener cette vie-là : toujours s’amuser, cela n’est pas toujours amusant. La tête se trouble, et nous en sommes déjà à nous demander lequel des deux partis il nous faut choisir : aller à toutes ces fêtes et renoncer bravement à les raconter, ou bien n’aller à aucune pour les raconter plus à l’aise. Les historiens