direz-vous en essayant cette coiffure risible ? Vous direz : « Hélas ! il faut avoir le cœur bien joyeux pour choisir une si folle parure ; moi, je ne la porterai jamais. »
Et vous, belles princesses russes aux bras de neige, au port de reine, si coquettement altières, si dédaigneusement gracieuses, fleurs de serre chaude, délicates et cependant toujours fraîches, camélias roses vêtus d’hermine, que direz-vous lorsqü’on vous présentera ces vilains toquets de chien savant ? Vous direz : « Qu’est-ce que cela ? on ne peut mettre ni un diadème de perles, ni une couronne de diamants, ni une tiare de rubis sur cet affreux joujou ; on ne fait plus rien de bon à Paris ! » Et toutes alors, Russes, Allemandes, Italiennes, feront venir leurs chapeaux… de Londres ! Il ne nous manquait plus que cela !
Ces prétentieux petits chapeaux ont un goût singulier qui attesterait seul leurs coupables intentions. Vous croyez qu’ils choisissent de préférence les minois, les figures chiffonnées, dont la physionomie piquante et moqueuse serait au moins en harmonie avec leur attitude agaçante ? point du tout ! les insolents vont se percher de préférence sur les fronts soucieux, sur les têtes pensives ; ils affectionnent les traits augustes, les regards imposants ; un nez magistral les attire, une bouche rébarbative leur sourit ; la vieillesse a pour eux des charmes. Minerve elle-même ne les effarouche point ; et c’est alors un spectacle étrange que de voir dans nos salons, dans nos brillants concerts, assises sur des fauteuils posés symétriquement, toutes ces femmes graves, sérieuses, fières, écoutant un air de Lablache ou de Mario, silencieusement, avec des regards pleins de langueur, des poses pleines de dignité, et oubliant tout à fait qu’elles ont sur la tête une coiffure de chien savant. D’abord en les regardant on rit, et puis on s’alarme ; rien ne ressemble plus à de la démence que ce bizarre contraste : une grande figure triste sous une coiffure folichonne, c’est effrayant !
Autre mode du jour, plus amusante et moins dangereuse : les évanouissements. On s’évanouit beaucoup cette année ! Du temps de l’Empire, on s’évanouissait volontiers pour un mot, pour un regard, pour un rien ; puis, sous la Restauration, tout