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LE VICOMTE DE LAUNAY.

Du jour où Condé triomphant
A déchiré sa robe verte.
Où le père a passé, passera bien l’enfant.

Nous l’avons eu, votre Rhin allemand.
Que faisaient vos vertus germaines
Quand notre César tout-puissant
De son ombre couvrait vos plaines ?
Où tomba-t-il alors, ce dernier ossement ?

Nous l’avons eu, votre Rhin allemand.
Si vous oubliez votre histoire,
Vos jeunes filles sûrement
Ont mieux gardé notre mémoire :
Elles nous ont versé votre petit vin blanc.

S’il est à vous, votre Rhin allemand,
Lavez-y donc votre livrée ;
Mais parlez-en moins fièrement.
Combien, au jour de la curée,
Étiez-vous de corbeaux contre l’aigle expirant ?

Qu’il coule en paix, votre Rhin allemand ;
Que vos cathédrales gothiques
S’y reflètent modestement ;
Mais craignez que vos airs bachiques
Ne réveillent les morts de leur repos sanglant !

Ces vers si brillants et si heureusement improvisés furent applaudis avec enthousiasme. Ah ! messieurs les buveurs de bière, vous nous décochez de mauvaises ballades ! nous vous répondons par de véritables chants. Est-ce une déclaration de guerre ? — Non, c’est une lutte poétique où la victoire nous reste en attendant.


LETTRE QUATORZIÈME.

La Presse et le Courrier de Paris. — Les fêtes champêtres.
Les bals du matin.
13 juin 1841.

Notre dernier feuilleton a été regardé, par quelques personnes, comme une déclaration de guerre, guerre générale et détaillée ; guerre à l’Allemagne et aux poëtes allemands, guerre aux députés, guerre aux académiciens ; et de là on à conclu