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LE VICOMTE DE LAUNAY.

est faite à propos du baptême des trois enfants de Henri IV, qui eut lieu le 14 septembre 1606, à Fontainebleau, où l’on avait été obligé de transporter tous les préparatifs de la cérémonie, à cause de la peste qui était alors à Paris :

« Les fonts qui servent pour le baptême de nos rois avaient été apportés de la chapelle du château du bois de Vincennes, où ils sont curieusement gardés : c’est un grand bassin de cuivre rouge, couvert de plaques d’argent, avec de petites figures artistement travaillées ; le tout fort antique, ayant été fait l’an huit cent nonante-sept (897). » Cette époque se rapporte à la fin du règne d’Eudes, fils de Robert le Fort, comte de Paris.

Le concert monstre n’était peut-être pas assez monstre : c’était un superbe coup d’œil et un beau bruit, mais plus doux qu’on ne l’espérait. On s’attendait à être assourdi, et point du tout, ce n’était que sons agréables. Chacun est revenu désappointé. Le mot monstre a perdu beaucoup de sa valeur.

Le feu d’artifice était mélancolique ; il affectait une trop grande simplicité. On ne voyait rien, et l’on n’entendait que des coups de canon ; et le canon est une chose trop positive pour qu’on en abuse ainsi dans les effets artificiels. Le canon, c’est une langue sacrée ; ne la rendez pas vulgaire. C’est une grande voix qui vous dit : Un prince vient de naître… Un roi vient de mourir Celui-là est banni… Celui-ci est élu… Telle bataille est gagnée !… Respectez cette voix puissante, et ne la faites pas gronder inutilement aux heures folles du plaisir.

L’événement parlementaire de la semaine est le beau mot de M. Taschereau dans la séance de mardi dernier. Nous sommes heureux, convenez-en, d’avoir des ennemis qui disent de ces choses-là ! Avoir pour ennemis les ennemis de Dieu, comme cela grandit ! Au reste, nous connaissions déjà toute la malveillance de l’éloquent député de Loches contre les hommes et les cérémonies de l’Église. Le jour des funérailles de l’empereur, le farouche député s’était déjà déclaré hautement à ce sujet. Il était dans l’église des Invalides, dans la travée des députés, devant une autre travée remplie de femmes ; là, nonchalamment étendu sur deux banquettes et la tête coiffée d’un chapeau indépendant, il assistait à la cérémonie et