lourd, qu’il était obligé de le poser sur ses genoux, et puis il a encore entrepris une éternelle ritournelle. Il obtenait de cet énorme alto de petits sons turcs très-bizarres ; ce n’était point jouer du violon, mais jouer avec un violon. Tout le monde riait ; plusieurs femmes se sont évanouies de rire. Ce Turc chantait très-doucement ; les Turcs ne comprennent point que l’on crie en chantant, les barbares !
LETTRE NEUVIÈME.
Il paraît que depuis huit jours les Nabuchodonosor sont furieux contre nous, les mauvais, comme vous le pensez bien. De nos plaisanteries, les bons Nabuchodonosor n’ont fait que rire ; mais les autres se sont fâchés, et vraiment il y avait de quoi : les accuser d’être follement orgueilleux en leur prouvant qu’ils n’ont même pas le droit de l’être, c’était beaucoup pour une fois. Leur colère est naturelle, mais elle est maladroite aussi, et le monde s’amuse fort de leur dépit, qui est un aveu.
« Pourquoi donc M. de *** se fâche-t-il ? Cette critique ne le regarde pas. — Si vraiment. — N’est-il pas de l’ancienne famille de *** ? — Il n’en est point. Son nom est un nom de terre : il s’appelle tout bonnement M. S… — Vous m’en direz tant ! — Et M. de X… ? — Ah ! lui, c’est autre chose, il n’a pas même le droit de se fâcher. — Pourquoi cela ? — Parce qu’il n’est pas même un mauvais Nabuchodonosor. — Je croyais… — Je vous dis qu’il n’est rien du tout, ni bon, ni mauvais, ni Nabu, ni chodo, ni nosor, et que sa colère est une prétention très-ridicule. »
Oh ! depuis huit jours, nous avons appris à ce sujet bien des choses qui seraient très-plaisantes à raconter, car cela nous, arrive souvent de ne comprendre que le lendemain ce que nous avons dit la veille. Nous avons tellement peur des allusions, que, pour les éviter, nous prenons des détours extrêmes qui nous mènent précisément à d’autres allusions plus dange-