l’entend pas, il est dans la chambre voisine. Les rafraîchissements sont peu abondants, mais ils sont mauvais ; il n’y en a heureusement pas pour tout le monde. Les danseurs sont rares… mais ils sont vieux. Les danseuses ne sont pas jolies… mais elles sont mal mises. On ne s’est inquiété nullement de se procurer ce qui constitue un bal agréable, de beaux danseurs et de belles jeunes filles ; car il ne s’agit point de donner une fête élégante, mais de réunir du monde par condescendance et par obligation : des supérieurs dont on dépend, ou des gens influents dont on a besoin ; or les gens dont on a besoin sont toujours laids. Bref, le bal forcé est triste et singulièrement ennuyeux ; mais il finit de bonne heure, ce qui est une belle compensation, et si le maître de la maison, en vous congédiant, a l’air de vous dire : « Je ne vous ai pas invité pour mon plaisir, » — vous, à votre tour, en le saluant, vous avez l’air de lui répondre : « Je ne suis pas venu pour m’amuser. »
Voilà une nomenclature de bals assez complète. De tous ces bals, nous n’en avons oublié qu’un seul, c’est celui auquel nous devons aller ce soir. Partons vite, il est déjà bien tard.
LETTRE SIXIÈME.
Si la France n’est point appelée à faire sa partie dans le grand concert européen (jargon parlementaire), en compensation les Européens de toutes sortes sont généreusement appelés à faire leur partie dans l’immense et éternel concert parisien. Depuis huit jours, que de mélodies, que de symphonies, que de sons, que de chants, que d’accords, que d’accents ! Ce sont de véritables torrents d’harmonie ; torrents est le mot. Ah ! que de musique, et, ce qu’il y a de plus affreux, quelle bonne et excellente musique ! On n’en veut pas perdre une note, et voilà le malheur : on se laisse enivrer par elle, et l’on passe ses