Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 5.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
93
LETTRES PARISIENNES (1841).

Rien de plus aimable que l’empressement de M. Thiers, de M. Lebrun, de M. de Ségur et de M. Viennet, entre autres. M. Viennet a eu à subir les attaques et les séductions les plus dangereuses ; des lettres de femmes… Oui, M. Viennet a résisté à des lettres de femmes ; mais les billets parfumés ne l’ont pas enivré : épigrammes, flatteries, menaces, prières, rien ne l’a ébranlé ; il avait donné sa parole. Si nous ne vous parlons pas du zèle affectueux de MM. de Chateaubriand, Lamartine, Soumet et Nodier, c’est qu’il est tout naturel que dans cette occasion ils se soient conduits en frères.

On attribue à M. Dupin un mot dont nous ne garantissons pas l’exactitude, bien qu’il lui ressemble assez. Le jour où M. Hugo serait allé lui rendre visite, M. Dupin aurait dit : « Il y a deux Académies, une petite et une grande. Vous avez pour vous toute la grande. Quant à moi, je ne dis jamais mon vote. — Prenez garde, vous venez de me le dire, » aurait répondu M. Hugo.

Cette nomination a été un événement pour toute la société de Paris ; chacun s’abordait en se demandant : « Eh bien ! Hugo est-il nommé ? » Car il est vrai de dire que M. Hugo n’avait d’opposants que dans l’Académie. Voilà la véritable liste des votants :

POUR VICTOR HUGO.
MM. Lamartine. MM. Cousin.
Chateaubriand. Lebrun.
Royer-Collard. Dupin aîné.
Villemain. Thiers.
Ch. Nodier. Viennet.
Ph. de Ségur. Salvandy.
Lacretelle. Molé.
Pongerville.
Soumet. Guizot, venu trop tard pour voter.
Mignet.
CONTRE VICTOR HUGO.
MM. Casimir Delavigne. MM. Feletz.
Scribe. Droz.
Dupaty. Étienne.
Roger. Tissot.
Jouy. Lacuée de Cessac.
Jay. Flourens.
Briffaut. Baour.
Campenon.