camisole, enveloppée dans un cachemire, et s’en allait au bain ; ce n’est pourtant pas ainsi que faisaient madame la princesse de Chimay, madame la comtesse Regnaud de Saint-Jean d’Angely et bien d’autres grandes dames de l’Empire, qui avaient chez elles des salles de bain élégantes, ornées de marbres antiques, de peintures gracieuses, de lampes d’albâtre, de corbeilles de fleurs ; mais ne taquinons point le bon Ermite, et bornons-nous à dire qu’aujourd’hui, grâce aux bains à domicile, on n’a pas besoin de faire mettre ses chevaux pour s’en aller en camisole prendre un bain. Ceci est un progrès.
En 1812, on allait le matin admirer la Bataille de Marengo de Vernet ; aujourd’hui on va de même admirer la Prise de Constantine de Vernet.
En 1812, une jolie femme rencontrait par hasard le caricle d’Alfred ; aujourd’hui elle rencontre le tilbury d’Édouard.
En 1812, la jolie femme montait dans le caricle d’Alfred, et son mari leur disait de s’aller promener ensemble ; aujourd’hui cela ne se ferait point. Mais Édouard descend de son tilbury, il monte dans la calèche de la jolie femme, et c’est le mari lui-même qui les promène.
En 1812, une jolie femme appelait une voiture à deux places un coupé ; aujourd’hui ce sont les cochers et les selliers qui parlent ainsi.
En 1812, une femme disait : Saint-Alme ; aujourd’hui elle dit : M. de Saint-Alme.
En 1812, une jolie femme, après le dîner, brûlait des pastilles du sérail ; aujourd’hui elle fume un petit cigare de la Havane.
En 1812, on allait au manège Sourdis ; aujourd’hui on va au manège d’Aure.
En 1812, on allait acheter des étoffes chez Nourtier ; aujourd’hui on va aussi acheter des étoffes chez Nourtier.
En 1812, on achetait des fleurs chez Nattier ; aujourd’hui on va encore acheter des fleurs chez Nattier. Chose étrange ! tout a changé, excepté ces deux magasins. Il est vrai qu’il s’agit de modes et de fleurs, emblème de l’éternité.
En 1812, les convives provinciaux arrivaient deux heures avant le dîner ; aujourd’hui ils ont si peur d’avoir l’air d’habitants de province, qu’ils vous font attendre.