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LE VICOMTE DE LAUNAY.

plaire. Que penseriez-vous d’un homme qui ne porterait point le deuil de son oncle, parce que son oncle l’aurait déshérité en mourant ? Or, si l’on doit porter le deuil des parents dont on n’hérite pas, à plus forte raison doit-on porter le deuil de ceux dont on a hérité par anticipation. La peur de déplaire n’est pas une peur plus noble que les autres ; il nous semble, d’ailleurs, que voilà assez longtemps que la peur sert de prétexte aux actes du gouvernement. Ce prétexte est un peu usé ; ne pourrait-on pas en changer ?

Le roi s’occupe toujours assidûment des travaux du musée de Versailles. Il passe des heures entières à parcourir ses immenses galeries, et les personnes de sa suite, qu’une aussi vive exaltation ne soutient pas, sont parfois exténuées de fatigue. Quand la nuit vient, les promenades dans le palais se continuent aux flambeaux ; des candélabres ambulants, c’est-à-dire des bougies réunies sur un même plateau, auquel tient un long manche que termine un valet de pied, suivent le roi dans tous ses mouvements, et se placent en cercle autour de lui quand il s’arrête devant un tableau. Ces cariatides vagabondes, cette procession lumineuse est d’un effet magique dans ces galeries, qui sont admirables. Le musée de Versailles est une des merveilles du monde.

Le nouveau roman de Paul de Kock a pour titre Zizine : ce nom est d’un bon présage. La réputation de Paul de Kock grandit chaque jour, malgré les dédains de nos auteurs à prétentions. Pour nous, qui croyons que le commun du genre ne nuit pas à la supériorité du talent, nous préférons un beau Téniers à une mauvaise imitation de Mignard. Nous préférons une grisette qui parle purement son langage à une princesse du Gymnase qui parle comme une ravaudeuse. Nous préférons enfin le petit monde peint avec vérité au faux grand monde, à la bonne société qu’inventent nos auteurs à la mode, et nous leur dirons franchement qu’ils n’ont pas assez d’imagination pour peindre la bonne compagnie.

M. Janin a fait un article fort amusant sur le nouveau drame de MM. Ancelot et Paul Foucher, représenté dernièrement au Vaudeville. M. Janin reproche à M. de Balzac d’avoir inspiré : 1o la comédie de madame Ancelot ; 2o le drame de M. Ancelot ;