Elle alla vers lui, empressée, joyeuse, et, lui offrant ses deux mains :
— Pourquoi n’avoir pas voulu de ma reconnaissance ? dit-elle. C’est mal.
— Pour une raison absurde que j’aurai l’honneur de vous avouer, si vous le permettez, madame.
— Quand vous voudrez, répondit Marguerite.
— Demain alors, car je pars après-demain pour l’Italie.
— À demain donc !
Et elle lui serra la main affectueusement.
On se sépara. Marguerite remonta en voiture. Étienne avait retrouvé sa gaieté ; ce mot : « Je pars après-demain pour l’Italie » lui avait ôté un poids énorme de dessus le cœur. Quant à Gaston, il était rayonnant d’orgueil et de joie : il était fier de lui, du courage qu’il avait montré en descendant deux degrés de l’amphithéâtre du Cirque pour aller rejoindre Robert ; il faut dire aussi que M. de la Fresnaye lui avait fait signe de venir à lui ; Gaston, sans cela, n’aurait peut-être pas eu tant de hardiesse.
— Je savais bien que c’était lui ! s’écria-t-il en trépignant dans la voiture : grand’maman qui croyait que c’était M. d’Héréville !… Ah ! je savais bien, moi, que c’était M. de la Fresnaye.
Marguerite aussi était contente et contente d’elle ; toutes les émotions qui l’avaient tant inquiétée s’expliquaient alors naturellement et noblement : « C’était lui ! se disait-elle, je le devinais. L’instinct maternel me guidait ; la vérité transparente m’éclairait ; en vain il voulait me tromper ; le secret que cachait sa pensée agissait, malgré lui, sur moi. Voilà pourquoi à sa vue j’étais tremblante, inquiète, attendrie. C’est que mon cœur l’avait reconnu et me criait : C’est lui ! »
VIII.
Marguerite attendait M. de la Fresnaye avec impatience ; elle avait hâte de lui dire tout ce qu’elle n’avait pu lui dire la