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LE PALAIS DE LA VANITÉ

dans un plat d’étain ! Et il rendit au laquais son assiette dorée. Le valet, en se baissant pour la prendre, ne fit pas attention aux flambeaux qui éclairaient la table et ne se rappela plus le panache qui ornait sa tête ; il s’approcha trop près de la flamme, et une forte odeur de plume brûlée annonça que le panache avait grillé.

— Un panache blanc ne me paraît pas très-commode pour servir à table ! dit encore le mendiant.

Et le jeune étranger ne put s’empêcher de rire de cette réflexion.


La reine de ce séjour, la princesse Vanita, n’est donc point ici ? demanda le mendiant au laquais.

— Non, monsieur ; elle est en ce moment chez ses adorateurs favoris, dans un pays dont j’ai oublié le nom, mais qui est très-renommé pour ses vins.

— Ah ! je devine, elle est en France, dit le mendiant ; elle n’en reviendra pas de sitôt. Je ne vous conseille pas de l’attendre ; elle a de l’ouvrage dans ce pays-là : toute une nouvelle cour à former, toute une nouvelle classe à séduire. Chez ces bons Français elle règne par quartiers : là, chaque état lui rend hommage à son tour ; là, elle triomphe de tout, hélas ! même de la gloire. Pendant quinze ans elle a dompté les guerriers ; quinze ans elle a protégé la noblesse ; aujourd’hui elle cajole les bourgeois. Vanité militaire, vanité de naissance et vanité d’argent : chacun son tour. Le nôtre viendra aussi peut-être ; nous aurons vanité de misère un jour !

Le mendiant avait, une expression de visage si terrible en disant ces mots, que le jeune étranger n’eut aucune envie de rire de cette réflexion.


Perchée sur un riche bâton, une belle perruche jacassait à quelque distance de la table : — Fuyez vite ! fuyez vite ! disait-elle ; ne restez pas dans ce palais.

Alméric s’approcha d’elle : — Pourquoi fuirions-nous ? demanda-t-il ; n’êtes-vous pas heureuse ici ?