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LE CHIEN VOLANT.

seau est inconnu dans ce pays, dit-elle ; il est originaire de la Chine : on le nomme le lis à sonnettes, à cause de sa fleur, qui rend des sons pareils à ceux d’une cloche et qui en a presque la forme ; c’est une plante fort extraordinaire. N’en aie pas peur : viens.

Léon se rapprocha du grand vase qui renfermait le lis merveilleux, et la fée s’amusa à faire sonner toutes les fleurs les unes après les autres. Les grosses cloches, tout à fait fleuries, avaient un son terrible comme le bourdon d’une cathédrale ; les clochettes, à demi fleuries, avaient le son grave, sonore, de la cloche d’un collège ; tandis que les boutons, au contraire, avaient le son faible et gentil des clochettes des agneaux dans les montagnes.

La fée fit aussi remarquer à Léon plusieurs autres plantes non moins extraordinaires. Il y en avait une, entre autres, appelée le buisson d’écrevisses ; les feuilles en étaient légères et bien découpées, comme celles du persil, et la fleur, très-longue et rouge, avec deux petites taches noires qui ressemblaient à des yeux, avait, à s’y tromper, la forme et la couleur d’une écrevisse cuite : toutes les fleurs étaient réunies en un tas sur la tige, et jamais nom n’avait été si justement donné.

Plus loin était une autre plante avec laquelle Léon aurait bien voulu jouer un moment ; on la nommait raquette à fleurs de plumes. Ses larges feuilles ressemblaient à de véritables raquettes, et sa fleur blanche et légère formait le plus joli petit volant que jamais garçon épicier ait fait tomber dans le ruisseau. Il était impossible de ne pas rendre hommage à la nature, qui avait su réunir ainsi et la raquette et le volant,

Dans un grand vase du Japon, Léon remarqua encore un autre arbuste dont il s’amusa extrêmement ; la fleur en était tout à fait risible. — Cet arbuste, dit la fée, est le grand herbaut, ou palmier à capotes.

Il avait l’aspect le plus étrange : sa longue tige droite était traversée de branches horizontales comme le bâton d’un perroquet ; mais chacune de ces branches faisait un large crochet en se terminant. C’est à l’extrémité de ce crochet que la fleur était attachée ; cette fleur avait absolument la forme d’une