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LE CHIEN VOLANT.

L’enfant pressentit qu’il allait se passer quelque chose d’étrange, puisque la princesse, qui ordinairement le tutoyait, venait de lui dire : Suivez-moi, d’un ton si solennel.

La fée tenait une petite clef d’ivoire à la main ; elle l’approcha du mur, où cependant on ne voyait point de serrure, et au même instant une porte, jusqu’alors invisible, s’ouvrit : ce dont Léon parut fort étonné.

Il suivit la princesse dans un étroit et long corridor, où ils marchèrent pendant un quart d’heure environ. L’obscurité était profonde ; mais Léon n’avait point peur. Enfin il entendit le bruit d’une serrure qu’on ouvrait, et il se trouva dans un magnifique pavillon chinois situé au bord d’une rivière.


CHAPITRE TROISIÈME.

FLEURS MERVEILLEUSES.


Le soleil éclairait de toutes parts ce pavillon et faisait briller les riches couleurs des tentures de soie qui recouvraient les murs du salon. Ce salon était presque tout à jour, et ses huit fenêtres étaient ornées de superbes vases du Japon, remplis de fleurs et d’arbustes que Léon n’avait jamais vus nulle part, même dans les serres les plus renommées.

— Noireau n’est pas ici ? dit la fée en entrant dans le pavillon ; il attend peut-être qu’on l’appelle. Faites-moi le plaisir de sonner, ajouta-t-elle en s’adressant à Léon.

Mais Léon regarda de tous côtés et il ne vit point de sonnette.

— Cueille une de ces fleurs, continua la fée en indiquant à Léon une grappe de clochettes blanches qui retombaient gracieusement des branches d’un bel arbuste que l’enfant contemplait avec admiration.

Léon obéit ; mais, pour cueillir la fleur, il secoua tout l’arbuste, et au même instant il se fit un carillon si épouvantable que l’enfant recula épouvanté.

La fée, voyant sa frayeur, voulut le rassurer. — Cet arbris-