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LE CHIEN VOLANT.

Léon, en attendant le réveil de la princesse, recommença ses courses indécises du chenil à la volière et de la volière au chenil.

— Que cet oiseau rouge a de belles ailes ! pensait-il. Oh ! oui, c’est un oiseau que je veux.

Puis, un moment après : — C’est si amusant d’avoir un chien, se disait-il, qui vous suit partout, qui vous caresse, qui rapporte, qui va à la chasse, qui fait l’exercice ! car enfin un oiseau n’est bon à rien : il chante dans sa cage et voilà tout.

Bientôt après il reprenait : — Sans doute ; mais c’est commun d’avoir un chien : tout le monde peut avoir un chien, tout le monde n’a pas un bel oiseau qui vient des Îles.

La princesse le surprit encore dans cette incertitude.

— Eh bien, Léon, dit-elle, es-tu décidé ?

— Oui, madame ; c’est un oiseau que je désire.

— Comment ! tu ne préfères pas un chien ? j’en ai un qui est si intelligent !

— Alors je le prendrai ; vous avez raison, je préfère un chien.

La fée se mit à rire ; et tout le temps du déjeuner, elle s’amusa de l’indécision de l’enfant.

Un domestique, s’approchant de Léon, dit : — Monsieur veut-il du café ou du thé ?

— Du thé, répondit Léon ; mais aussitôt il se reprit : — Non, non, du café ! j’aime mieux du café : on ne m’en donne jamais chez ma mère… Cependant, le thé… mais non, du café !…

Et le domestique restait pendant ce temps immobile avec son grand plateau, attendant que Léon se fût décidé.

— Servez-lui du thé et du café, dit la princesse ; il a fait une longue course ce matin, il s’est levé à quatre heures et il doit avoir grand’faim.

Léon fut surpris de voir que la princesse était instruite de l’heure à laquelle il s’était levé ; il se rappelait aussi que la veille elle lui avait parlé des deux prix qu’il avait obtenus au collège, sans que personne lui en eût rien dit. — Elle devine tout, pensa-t-il ; c’est une femme extraordinaire.

Après le déjeuner, la princesse se leva d’un air grave, et s’adressant à Léon, elle dit : — Suivez-moi.