Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 3.djvu/377

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE CHIEN VOLANT.


CHAPITRE PREMIER.

LES CHIENS ET LES OISEAUX.


La princesse de Valencourt était une grande dame fort en renommée dans Paris. On racontait d’elle des choses merveilleuses, d’éminents services rendus par elle à ses amis, comme on n’en prodigue pas de nos jours ; des histoires de condamnés à mort sauvés par son pouvoir d’une manière qui sentait le prodige, et mille choses de ce genre que le vulgaire avait peine à comprendre. Aussi les petits esprits, qui n’aiment point à s’étonner et veulent tout expliquer, même ce qui est impossible, trouvaient plus commode de la regarder comme une fée. — C’est une fée ! se disaient-ils ; et cela répondait à tout.

Cette princesse possédait, à quelques lieues de Paris, un château superbe, où elle passait toute l’année, et qui renfermait des merveilles. C’étaient des pianos qui faisaient de la musique tout seuls ; des chanteurs invisibles qu’on entendait tout à coup dans les airs, sans savoir d’où venaient leurs voix ; des fleurs qui fleurissaient toute l’année, sans qu’un seul jardinier pensât même à les arroser… Je n’en finirais, pas, si je répétais tout ce que l’on racontait de ce séjour de délices.

Parmi les beautés de ce lieu, ce qui attirait le plus l’attention des voyageurs était une admirable volière, où se trouvaient réunis les oiseaux les plus rares, les plus jolis, venus de toutes les parties du monde. Leurs ailes, brillantes de pourpre, d’iris, d’or et d’azur, éblouissaient les yeux ; et leurs ramages, quoique très-différents, semblaient s’harmoniser pour ravir les oreilles.